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L'oeuvre de Pierre de la Ramée (1515-1572) et de ses collaborateurs
est d'essence «agonistique» : combative, voire agressive, elle s'est nourrie
des multiples confrontations qu'elle n'a cessé de chercher - et de
trouver. Confrontation avec les autorités du savoir antique, d'abord : La
Ramée (dit Ramus) et son équipe ont aussitôt acquis une notoriété
internationale en lançant, coup sur coup, des attaques contre Aristote,
Cicéron, Quintilien, Euclide, d'autres encore. Notoriété applaudie par
les uns, regrettée par la plupart. C'est le ton, vindicatif sinon arrogant,
qui choqua généralement et qui provoqua des répliques véhémentes.
Fondée sur la lecture hypercritique des grands Anciens, cette oeuvre
hors du commun s'est constituée à travers la confrontation avec ses
nombreux censeurs. Ramus n'a cessé de réécrire ses ouvrages ; l'étude
des diverses versions de ses oeuvres constituera un moyen privilégié
d'avoir prise sur l'évolution de sa pensée dans les multiples domaines où
il s'est exprimé. Une telle étude suppose la lecture scrupuleuse des
textes de ses adversaires.
Voilà pourquoi une équipe internationale de chercheurs lance aujourd'hui
un second collectif Autour de Ramus afin d'étudier à la fois les
combats menés par l'équipe «ramiste» et ceux qu'elle a suscités par ses
textes incendiaires. Un premier volet, Combats ramistes, permettra au
lecteur de découvrir les audaces d'une pensée qui s'est diffusée avec une
rapidité extraordinaire. Le second volet, La Ramée combattu, est consacré
aux réactions hostiles de ses contemporains, parmi lesquels se trouvent
les plus grands humanistes de l'époque - Galland, Turnèbe, Muret
- mais aussi l'Inquisition espagnole, soucieuse d'éradiquer les aspects
«hérétiques» d'une pensée d'autant plus suspecte que La Ramée s'était
trouvé parmi les premières victimes de la Saint-Barthélemy.