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Richard le Beau, roman du XIIIe siècle, a été composé dans l'extrême nord
du domaine picard, par un certain maître Requis, auteur inconnu par
ailleurs. Certainement clerc, maître Requis possède une solide culture littéraire,
à en juger par le nombre de héros épiques et romanesques qu'il cite
dans son prologue et l'exploitation qu'il fait des nombreux lieux communs
de la chanson de geste et du roman d'aventure. Richard le Beau est structuré
par deux motifs populaires n'ayant, à l'origine, rien en commun : les
motifs de l'enfant trouvé et du mort reconnaissant.
Le jeune Richard, tel OEdipe, épargné et abandonné par les serviteurs chargés
de le tuer, est recueilli par un comte qui l'élève. Sa formation achevée,
il part à la recherche de ses parents, finit par les retrouver après de nombreuses
aventures, mais, à la différence du héros grec, il n'épouse pas sa
mère ni ne tue son père. Au contraire, il les réunit et organise leur mariage.
L'histoire se poursuit par de nouveaux exploits de Richard, qui lui donnent
l'occasion de faire preuve de générosité. Le héros parvient à la cité
d'Osterriche, règle les dettes d'un cadavre privé de sépulture, qui, peu de
temps plus tard, sous la forme d'un chevalier blanc, lui permet de remporter
un tournoi de trois jours, à Montorgueil. Le mort reconnaissant ne
réclame pas sa part, Richard peut ainsi conserver le prix du tournoi et épouser
la jeune Rose, fille du roi de Montorgueil.
La question de la largesse est une des principales préoccupations de maître
Requis. Par la bouche de Richard, l'auteur condamne l'or et l'argent en imaginant
un monde où tout serait commun à tous. La générosité du héros est
donc une qualité, mais elle le conduit au dénuement. Il faut en effet distinguer
la générosité et les largesses extravagantes.