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La querelle du Cid est une des premières grandes polémiques du XVIIe siècle. Depuis la fin des années 1620, le théâtre français avait connu des débats et des expériences divers. La querelle du Cid en donne une conclusion en quelque sorte, qui fixe les grandes lignes de la création et de la dramaturgie pour longtemps, en particulier dans le domaine des règles de la tragédie. Pendant un an, cette polémique est allée en s'amplifiant et a fait intervenir bon nombre de dramaturges en vue (Mairet, Scudéry, Durval, Claveret) mais aussi une foule de participants importants (J.-P. Camus, Sorel, Scarron, Guez de Balzac) ou anonymes. Les libelles des adversaires et des partisans de Corneille se répondent de manière plus ou moins pertinente ou violente, jusqu'à ce que l'Académie française rende son jugement, après bien des tergiversations, sous la plume de J. Chapelain. C'est l'occasion pour cet habile théoricien de fixer la doctrine pour la vraisemblance, la bienséance et la merveille. Mais la querelle du Cid ne porte pas que sur l'inventio et la dispositio; elle aborde aussi des questions importantes pour le siècle: la bonne elocutio, la place et la nature du public, la lecture critique et personnelle, la situation sociale de l'écrivain, l'influence des doctes, la rivalité avec l'Espagne et l'Italie. Bien que close officiellement sur ordre de Richelieu, cette polémique littéraire fut un fécond laboratoire d'idées: la preuve en est que Corneille, Vaincu dans le cabinet à défaut de l'être dans la salle, n'eut de cesse de répondre à ses détracteurs jusqu'à ses trois discours sur le poème dramatique de 1660.
Cette édition veut avant tout offrir aux lecteurs la totalité des textes de la querelle connus à ce jour, vérifiés et annotés, et elle fait ainsi le point sur les recherches entreprises depuis plus d'un siècle et récemment renouvelées.