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L'Orient a fasciné l'Occident médiéval. L'Orient réel des civilisations byzantine et arabo-musulmane, grandes rivales politiques, religieuses et économiques, mais aussi et surtout l'Orient imaginaire des rêves de bonheur paradisiaque et d'étrangeté exotique. Le présent ouvrage étudie l'entrée de l'ailleurs oriental dans le genre romanesque. Il analyse comment, du XIIe au XVe siècle, la tentation de l'Orient s'exprime et se renouvelle dans les romans, quelles variations ininterrompues les fictions inventent sur le couple Orient-Occident. Dans les romans du XIIe siècle, les premiers voyages en Orient allient une rêverie paradisiaque à une méditation sur les origines de la civilisation occidentale et le transfert supposé du pouvoir et du savoir d'Est en Ouest. Les auteurs créent en langue française des images qui deviendront plus tard des leitmotive de la littérature occidentale sur l'Orient. Les unions idéales qu'ils tissent entre le monde occidental et le monde oriental signifient enfin une négation de l'esprit de croisade et un refus de la rivalité destructrice avec l'Empire byzantin. À partir du XIIIe siècle et jusqu'à la fin du Moyen Âge, les romans à séquences orientales témoignent encore de l'invention d'une Histoire idéale, qu'ils substituent en rêve à l'Histoire réelle, mais ce sont désormais des scènes de croisade qui dominent. À l'éblouissement devant la richesse, la beauté et le génie artistique de l'Orient succèdent la confrontation guerrière et l'anéantissement rêvé de l'Autre. Si les descriptions s'en trouvent appauvries, les romanciers inventent en revanche des liens plus complexes et plus subtils entre la fiction et l'Histoire, imposant leurs oeuvres comme des romans historiques.
