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C'est la cinquième ville du royaume, Troyes, alors peuplée de
30 000 habitants et fraîchement reconquise par le roi Henri IV,
qui surgit devant nos yeux. Cette vingtaine de communications
et cette dizaine de documents de première importance ont été
réunis pour commémorer, au travers de l'histoire de cette ville,
l'un des événements fondateurs de la France moderne et de
l'idéal intellectuel et social français : l'Édit de Nantes.
D'autre part, la renommée de la famille troyenne des Pithou,
dans la République des Lettres, a été considérable. Cette gens
est l'image même de la France troublée d'alors, entre ceux qui
revinrent à l'Église catholique romaine, comme Pierre et François,
véritables inspirateurs de la monarchie moderne, et ceux
qui restèrent réformés et s'exilèrent, comme Jean et Nicolas
(dont la Chronique est enfin disponible après quatre cents ans
de purgatoire). La vie intellectuelle tient une place importante
dans ces textes : le goût de l'histoire, des livres, mais surtout
l'«engagement culturel» de ces hommes de savoir contre la
Ligue et les menaces qu'elle faisait peser sur les règles fondamentales
de vie dans le royaume, mais aussi pour la transmission
de ce savoir avec la création par François Pithou d'un
Collège... dont les jésuites étaient exclus !
Notons enfin que l'aspect visuel n'a pas été négligé avec l'évocation
de l'entrée d'Henri IV à Troyes, non plus que l'économie :
les révélations sur la place du clergé dans la gestion des biens
sont étonnantes, tout comme cet inventaire après décès de
l'imprimeur du roi, Claude Garnier, qui ouvre de nouveaux
horizons sur l'industrie et le marché du livre en France de l'Est
depuis Troyes.