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Centrée sur une poétique de l'objet producteur de son dans la littérature
française du XIXe siècle (période favorable entre toutes à
l'inseription du thème musical dans le texte littéraire), cette étude
prend également en compte la voix humaine, à laquelle l'instrument
est souvent associé. L'analyse s'appuie sur un large éventail de genres
(romans, contes ou nouvelles, poésie, articles ou comptes rendus,
correspondance, etc.) et d'auteurs (voir l'index). L'axe central en est
constitué par les relations mutuelles, d'antagonisme ou de complémentarité,
qu'entretiennent la voix et l'instrument. Deux grandes
étapes, de ce point de vue, sont à distinguer.
Dans la première moitié du siècle, la représentation de l'instrument
de musique s'inspire du modèle de la voix humaine, qui jouit
d'une quadruple primauté : chronologique, ontologique, sémiologique,
métaphysique, comme en témoignent, par certains de leurs
aspects, les oeuvres de Senancour, Stendhal, Nerval et Ballanche.
Chez Lamartine, la lyre (ou la harpe) porte les marques tangibles de
cette conception. Chez Mme de Staël, Balzac ou G. Sand, toutefois,
l'instrument de musique commence à s'affranchir de l'emprise de la
voix.
Dans la deuxième moitié du siècle, le modèle romantique se trouve
déconstruit. La désacralisation des instruments chargés de connotations
spiritualistes (lyre / harpe, orgue et cloche auxquels deux chapitres
sont consacrés), visible chez Rimbaud et P. Louÿs par exemple,
s'accompagne de la valorisation d'instruments humbles ou méconnus,
aux sonorités grinçantes (chez Corbière et Laforgue, en particulier).
Simultanément, l'instrument, accédant à un statut d'objet
autonome (indépendant de la voix), est investi de fonctions métapoétiques.
Les écrits de Mallarmé, examinés en détail, sont le point
d'aboutissement de cette évolution.