Read more
Celui qu'Arsène Houssaye nommait autrefois «le Roi Voltaire»
a en effet régné sur son siècle. Son oeuvre immense couvre tous
les champs de l'activité intellectuelle, du théâtre à la poésie, de
l'histoire à l'épopée, du conte à la critique biblique. Pendant
soixante années, l'homme de Ferney, infatigable, a multiplié les
ouvrages qui comptent dans le patrimoine de l'humanité en
même temps qu'il semait une multitude de courts opuscules incisifs.
Maître de l'humanisme et de la libre pensée, Voltaire est de
ceux qui ont contribué à édifier le monde moderne.
Paul Valéry disait de lui que, centenaire comme Fontenelle,
«cet homme qui a pu voir Louis XIV, aurait vu finir la Terreur, à
moins qu'il n'eût péri par elle, avant Thermidor. C'est par quoi il
peut faire songer à ce dieu Janus auquel les Romains donnaient
deux visages opposés, et qui était le dieu des commencements et
des fins. Mais le visage de Voltaire, homme jeune, considère le
crépuscule somptueusement triste, dans la pourpre sombre
duquel le Roi-Soleil se couche, accablé sous sa gloire et s'abandonnant
à la nuit, en soleil solennel qu'on ne reverra plus. Mais
l'autre face de ce Janus, le visage du vieux Voltaire, observe dans
l'Orient il ne sait quelle aurore illuminant d'énormes nuées».
Un guide n'est pas inutile pour trouver aujourd'hui son chemin
dans cette masse considérable, dans laquelle le temps a certes
opéré une sélection, mais qui demeure essentielle. À une époque
où les livres et les articles qui lui sont consacrés se comptent par
milliers et où des spécialistes du monde entier unissent leurs
efforts pour élever le monument de ses oeuvres complètes, l'auteur
du Dictionnaire philosophique méritait bien un dictionnaire.