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Publiée en février 1657, la troisième partie de Clélie marque
une étape importante de l'itinéraire littéraire et social de Madeleine
de Scudéry, et offre le reflet d'une période particulièrement
intéressante du milieu du XVIIe siècle.
Accédant à l'Hôtel de Nevers, l'un des centres les plus
brillants de la vie intellectuelle à Paris dans les années de l'après-Fronde,
la romancière groupe autour de Mme du Plessis-Guénégaud,
dans une lumière venue de l'Astrée, les portraits des
illustres de son temps, les Sévigné et les Ménage, et même, à
l'époque où continuent à paraître les Provinciales, les Solitaires
de Port-Royal. C'est le véritable début d'une mode dont le
Recueil de Mlle de Montpensier sera le sommet en 1659.
Tout en affinant la réflexion sur l'amour galant et la tendre
amitié, les conversations s'élargissent en échanges plus généraux
sur la vie en société, en particulier par un débat sur la complaisance
et l'art de plaire auquel Molière donnera, neuf ans plus
tard, une forme dramatique dans Le Misanthrope.
L'influence grandissante de l'humaniste Pellisson et le souvenir
persistant du poète Sarasin font aussi du roman, dans une
perspective quasi proustienne, l'expression de la théorisation
critique d'une littérature galante en plein développement.