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Un universitaire égyptien, professeur d'histoire comparée,
est invité par un collègue et compatriote émigré aux Etats-Unis
à enseigner pendant un semestre à San Francisco. Nous
sommes à l'automne 1998, au moment où le président
Clinton s'embourbe dans l'affaire Monica Lewinsky. Le roman
s'ouvre sur ses premiers pas, timides et maladroits, dans l'univers
hyper-réglé, qui lui est totalement étranger, de l'Amérique
contemporaine. L'histoire se refermera sur la fin de son séminaire,
quatre ou cinq mois plus tard.
Au fil du récit, le lecteur comprend que le héros/narrateur
a accepté cette invitation aux Etats-Unis pour échapper, ne
fût-ce que pour quelques mois, à l'atmosphère de plus en plus
étouffante de l'université du Caire, où ses travaux novateurs
sur l'histoire islamique ont compromis sa carrière.
Si Sonallah Ibrahim ne manque pas de conférer à ce roman
la dimension sociologique ou politique dont toute son
entreprise littéraire est profondément irriguée, Amrikanli,
par-delà le thème de la confrontation de deux cultures et
de deux mondes, se démarque quelque peu des oeuvres
précédentes en raison de l'approche plus personnelle que
l'écrivain propose de son protagoniste. Ce vieux célibataire,
qui a l'Histoire pour seule véritable compagne et l'Egypte pour
seul authentique ancrage, fait ici l'expérience radicale d'un
déracinement tant individuel que philosophique. A la fois
sobre et âpre, l'écriture de Sonallah Ibrahim sait à merveille
faire entendre, dans l'assourdissant silence affectif
où s'abîme son héros, les harmoniques douloureuses d'un
intellectuel exigeant et lucide.