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Pourquoi Sarkozy croit-il nécessaire
de s'exhiber à cheval dès qu'il
en a la possibilité, en Camargue ou
au pied des Pyramides (par référence
à Bonaparte ?).
Pour les mêmes raisons, probablement,
que celles qui ont motivé,
avant lui, Poutine. Et, avant eux,
Reagan, Saddam, Kaddafi. Ou,
plus loin encore, Tito, Churchill et
tant d'autres.
Qu'est-ce donc qui attire à ce point les hommes politiques vers
le cheval ? Est-ce une façon pour eux de se montrer proche de
la nature ? Une manière de se hisser au-dessus des autres, au-dessus
des simples piétons, des simples citoyens ? Un moyen
de se grandir ?
Alors que le cheval n'est plus, depuis longtemps, ni un outil ni
un véhicule, il continue, c'est certain, à être utilisé comme piédestal.
Serait-il resté une représentation du pouvoir ? Un symbole
de la puissance ? Un signe d'appartenance à une caste
supérieure : le cheval est-il toujours réservé à une chevalerie ?
Une aristocratie, une oligarchie ?
Ces questions en induisent d'autres : le cheval serait-il donc un
animal «de droite» ? Peut-on être de gauche et se montrer à
cheval ?
Et d'autres encore : l'équitation n'est-elle pas une bonne préparation
à la politique ? Comme les peuples, les foules, les opinions
publiques, le cheval peut se déchaîner soudain : il faut
apprendre à prévoir et gérer ses changements d'humeur, à
imposer sa volonté à plus fort que soi. Cela a été souvent dit :
il y a entre l'art de gouverner et l'art de monter à cheval de
nombreux points communs.
Le cheval, en tout cas, n'est pas un animal ordinaire. Il participe,
d'une façon ou d'une autre, au pouvoir des hommes. Il est,
peu ou prou, associé à leurs entreprises militaires et politiques.
Raison pour laquelle il peut être, comme les bipèdes qui l'utilisent,
tantôt honoré, tantôt déchu.
C'est ce que racontent ici avec talent de grands écrivains et/ou
de grands cavaliers, hommes de lettres et/ou hommes de cheval,
écuyers et/ou politiciens. Comment des chevaux ont été
condamnés à la déportation, voire aux travaux forcés (Ismaïl
Kadaré). Comment des chevaux ont été offerts (Gendjim, le
cheval de Mitterrand), enlevés (Shergar, le cheval de l'Aga
Khan), voire fusillés (Iris XVI, le cheval de Leclerc) !
Le cheval est souvent un enjeu politique, pas seulement en
France (Jean-Louis Andréani), mais aussi en Afrique (Valy
Sidibé) ou en République Islamique d'Iran (Jean-Pierre Digard).
Jamais ces sujets n'avaient été abordés de façon aussi talentueuse,
grâce aux prestigieuses contributions réunies ici, ni
de manière aussi spectaculaire, grâce à une iconographie abondante,
rare et qui, souvent, désarçonne. J.-L. G.