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Issues du tronc commun des «humanités» traditionnelles,
les sciences de l'homme se constituent en disciplines, principalement
entre le début du 19e siècle et le milieu du 20e siècle,
par la délimitation progressive de leurs territoires respectifs,
dans un contexte de construction institutionnelle et d'émulation
internationale qui n'exclut pas les coopérations entre
savants de divers pays et de différentes disciplines.
Après le temps du développement et de la consolidation
vient, après la seconde guerre mondiale, celui des interrogations
et des reconfigurations. La fin des empires coloniaux, la
mondialisation de l'économie et de la culture amènent les
sciences de l'homme à se pencher sur leur histoire, à réfléchir
sur leurs pratiques, à redéfinir leurs finalités. Ce travail critique
a suscité, notamment au cours des dix dernières années,
de nombreuses recherches et de fructueux débats.
Ce volume, qui rassemble les contributions de quinze spécialistes
des principales disciplines définies comme «sciences
humaines» (philosophie, psychologie, histoire, sociologie,
anthropologie, géographie, démographie), veut en être
l'écho. Insistant sur les grands moments fondateurs des
sciences humaines et sur les grands tournants qui infléchissent
leur histoire, les essais rassemblés ici montrent à quel
point toutes ces sciences sont intimement liées à la sphère
politique. Sciences de l'homme en tant qu'être individuel et
radicalement original, sciences de l'homme dans la cité en
tant que membre de collectivités qui peuvent s'étendre
jusqu'à l'échelle de l'humanité entière, elles subissent très fortement
l'influence des conditions socio-politiques au sein
desquelles elles se développent. Par leur apport critique elles
peuvent, inversement, être des ferments de rupture, de
renouvellement, de dépassement.