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Cela commence ainsi : retirée du monde, une petite ville,
appelée Vilmont, mène son train habituel, dans la solitude de
chacun. Quoi de plus naturel ? À ceci près que, le soir même, un
grand bal doit avoir lieu. À Vilmont, c'est une manière de n'être
plus seul, et c'est aussi un événement, dont personne n'ose parler,
de crainte de paraître naïf, mais auquel tout le monde pense.
Tout le monde ? Il faut nommer Marie-Laure, bien sûr, et
madame Testanière, qui organisent le bal, mais encore monsieur
Gros, l'ancien pharmacien, et le général Bazille, et monsieur
André et Jean, le garçon du Café du Commerce, et enfin Henri
Barrault, le notaire, ou François Sondaz, le professeur du
lycée...
Puis, cela continue de façon inattendue : au début de la
soirée, à cause de la neige qui tombe en abondance, un camion
dérape : son chauffeur est tué sur le coup. La nouvelle est reprise
et multipliée par l'opératrice de la poste, la vieille demoiselle
Audinet.
Naturellement, le bal a lieu. Ça n'a rien à voir. Et pourtant,
au standard téléphonique de Vilmont, les appels croisés au sujet
de la fête et au sujet de l'accident créent une étrange atmosphère.
Celle d'une petite ville qui, après avoir connu des heures
de gloire, vit repliée sur son orgueil blessé. Par chance - mais
s'agit-il d'une chance ? - il y a mademoiselle Audinet, la standardiste
de la Poste, qui veille et qui s'efforce de donner un sens
à ce qui se défait lentement pendant cette nuit de neige, de fête
et de mort. Et ce qu'écoute cette vieille demoiselle, c'est, tout
simplement, l'amour des autres.