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Érik Rémès n'imaginait pas que la publication de Serial Fucker, journal d'un
barebacker déclencherait d'aussi violentes réactions au sein de la communauté
gay. C'est ainsi que les bureaux de son éditeur furent dévastés et que
Thierry Ardisson fut violemment pris à parti car il avait "osé" inviter Rémès.
Mais quel crime avait donc commis Érik Rémès ?
Pour la première fois, dans un roman underground, il avait révélé une pratique
courante du monde gay, mais méconnue, le barbacking qui désigne les
rapports non protégés entre séropositifs. Il inclut également le culte du
sperme et les rapports sexuels impersonnels avec des partenaires multiples.
Pour les barebackers, les capotes empêcheraient de bander. Elles seraient un
indice de honte de soi et de haine du sexe. Ce mouvement correspondrait
également au "ras-le-bol" du safe-sex après vingt ans d'épidémie du sida.
En faisant de cette pratique à risque le centre de son roman, Érik Rémès
brise, selon ses ennemis, la vitrine de respectabilité et d'honorabilité que
s'efforcent de donner les représentants de la communauté. Mais taire ou
feindre d'ignorer le barebacking n'évitera pas la réalité de cette pratique qui
se développe.
Serial Fucker est un livre obsédant, fort et dérangeant qui interroge. Que
sont la vie, l'amour, la mort et le respect de l'autre dans une société individualiste
en quête, au mieux, d'une nouvelle éthique, au pire, du néant ?