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«Je me soûlais au vin de palme depuis l'âge de dix ans. Je n'avais
rien eu d'autre à faire dans la vie que de boire du vin de palme.»
C'est ainsi que le narrateur, qui se nomme lui-même «Père-Des-Dieux-Qui-Peut-Tout-Faire-En-Ce-Monde»,
se présente. Les 560
000 palmiers de sa plantation lui fournissaient suffisamment de
vin de palme pour en boire quotidiennement plus de deux cents
calebasses. Mais un jour son «malafoutier», l'homme qui lui
préparait son vin de palme, tombe du haut d'un arbre et se tue. Voilà
un bien grand malheur ; impossible de trouver un «malafoutier»
aussi expert que le défunt, la soif se fait sentir, et il n'a plus d'autre
choix que celui de se lancer à sa recherche, jusque dans la Ville-des-Morts.
Cette quête fascinante l'entraîne de la Brousse au Monde des
êtres étrangers et terribles, sur le chemin des mythes et légendes
yorubas. Portée par la tradition orale des griots, la langue sert
l'imaginaire débridé d'un conte tendre et cocasse, dont Raymond
Queneau rend ici le caractère d'«art brut».