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Des vieillards bougons ou suaves, des amants éconduits ou triomphants, des assassins
coupables ou innocents, des héros enthousiastes ou fatigués, des histoires véridiques ou
invraisemblables, des phrases longues comme des fleuves ou vives comme des cascades,
des personnages en quête d'auteurs, des écrivains à la recherche de leur personne ou du
temps perdu, des modèles de vertu et des abîmes de vice...
Des courants, des écoles, des genres, des critiques, des querelles, des doctrines, des
excommunications et des réconciliations, des triomphes (souvent sans lendemain) et
des échecs (parfois sans raison), des oeuvres oubliées et retrouvées, des poètes maudits
et des romanciers bourgeois, des plumes sans honneur et des gloires sans talent...
autant de symptômes ou de signes vivants de la «comédie humaine», ce théâtre sans
frontières de la France littéraire. Le septième art ne s'y est pas trompé, dès sa genèse,
avec l'image et comme une «romance sans paroles», qui a puisé son inspiration et son
expression dans la résonance et la résistance de cette France littéraire.
La France littéraire est une construction, une architecture d'hypothèses, une mise en
scène (pas en ordre) progressive des représentations. Naissances, Renaissances.
Classicismes. Modernités. La perspective retenue donne la direction et s'entend
comme un diapason.
«Modernités». Aujourd'hui et non hier ou avant-hier. Lorenzaccio,
Cromwell, Hernani, Lucien Leuwen, Emma Bovary, le Père Goriot, Lucien
de Rubempré, Gervaise, mais aussi le romantisme, le symbolisme, le réalisme,
le naturalisme... La critique sociologique, historique, politique,
l'introspection psychologique, la «découverte» bientôt de l'inconscient, du
«moi», du «je» que les siècles précédents auraient compris plus qu'éprouvés
et ressentis. Les Fleurs du mal ou les fruits du malaise ? Les stigmates de
la souffrance littéraire, les taches de sueur et de sang qui se voient sans qu'on
cherche à deviner, à interpréter, à savoir : voir suffit. Les modernités, ou
les cauchemars du rêve littéraire... jusqu'à la «nausée». Du temps perdu,
du temps retrouvé. Du temps écrit et décrit comme de l'espace où naissent,
meurent, vivent - survivent - chuchotent, crient des êtres et des formes plus
que des hommes et des personnages. L'esthétique volant au secours de
l'inquiétude. Les modernités, ou la dernière figure du sublime.