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Lacan et Kierkegaard
Maintes fois, Lacan recommanda de lire Kierkegaard, laissant ainsi supposer que le psychanalyste aurait à trouver son bien dans l'oeuvre de cet auteur si singulier dans l'histoire de la philosophie.
Surprenante conjonction. Quoi de commun entre le « solitaire de Copenhague », pourfendeur en son temps d'une religion au message asséché, et le « Gongora de la psychanalyse », logicien de la raison depuis Freud ? Quel sens peut bien avoir cette référence au « père » de l'existentialisme ?
Pourtant, avant même son retour à Freud, Lacan convoque Kierkegaard de façon répétitive. La raison de cette présence insistante ? « La vérité, c'est Kierkegaard qui la donne ». Rien que ça. Au titre du « plus aigu des questionneurs de l'âme avant Freud », il est le philosophe que Lacan n'a jamais contredit.
Dans l'ombre de la puissante référence à Hegel, le Danois fait travailler le psychanalyste sur les plus cruciaux des concepts freudiens que la clinique impose. Sur la jouissance, l'angoisse, la répétition, l'existence, Kierkegaard fraye la voie. Autant de notions qui, de leur affinité avec le réel, expliquent que Kierkegaard perdure jusqu'au dernier enseignement de Lacan.
Par son existence aussi, Kierkegaard enseigne au clinicien. Sur La femme, via Régine, la fiancée impossible. Sur le père, via le terrible Mickaël Pedersen Kierkegaard, sur la mélancolie, via son « écharde dans la chair ».
Kierkegaard, penseur du réel, donc.