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Le langage de la prostitution a toujours été imagé, pittoresque, rude,
truculent et, justement à cause de cela, souvent mis à contribution
par la littérature. Particulièrement au XIXe siècle où la prostituée
devint, à elle seule, un sujet littéraire. Et puis, ce langage-là a nourri
l'argot et la langue populaire. Certains termes ont même poursuivi
leur carrière dans le français courant comme, par exemple, le banal
«naze» (hors d'usage) qui figure aujourd'hui dans les dictionnaires
usuels et qui signifiait jadis, chez les «filles» : syphilitique. Comme
la prostitution elle-même, ce langage a évolué. Internet est passé
par là, ainsi que d'autres jargons aujourd'hui influents dans certains
secteurs, comme celui de la drogue. Mais cela ne veut pas dire, loin
de là, que tous les mots anciens et expressions du folklore des rues
chaudes ont disparu. Si certains, notamment dans les nouvelles
formes de prostitution sauvage ou occasionnelle, se sont en effet
effacés, beaucoup d'autres ont subsisté. À titre d'exemple, «dérouiller»,
aujourd'hui comme hier, signifie faire le premier client
de la journée ou de la nuit, un «mec à passion» est un masochiste,
et «jouer le fils de la repasseuse» se dit toujours du gars qui passe et
repasse sans cesse dans les coins chauds traditionnels sans se décider
à passer à l'action. Ce dictionnaire, qui contient plus de huit cents
entrées, fait le point sur ce langage tel qu'on le parle.