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Jacques Lacarrière connaît Albert Woda depuis plus de dix ans.
Ensemble, ils ont publié aux éditions de l'Eau un livre d'artiste,
Erèbe/Ebène où le travail du graveur répondait à celui de l'écrivain. Ce
processus est ici inversé puisque cette fois, c'est l'écrivain qui a souhaité
illustrer de ses textes les gravures en manière noire d'Albert Woda. Dans
l'art si varié de l'estampe, la manière noire est cette technique qui
consiste à noircir entièrement la plaque avant de la graver. Tout part
ainsi du noir le plus profond pour aller lentement vers le blanc.
Dans La Nuit d'avant les nuits, sorte de long préambule à l'ouvrage,
Jacques Lacarrière nous livre dans un dialogue fictif, une réflexion
philosophique et poétique autour de la Nuit. Mêlant références scientifiques,
bibliques et littéraires, il explore pour nous l'envers du Noir, et
le couple indissociable qu'il forme avec la lumière. Les textes qui
accompagnent ensuite chaque gravure, prolongeant la vision de l'oeuvre
par une approche intime de l'image, sont autant de variations autour du
même thème. Nuit-jour, sombre-clair, noir-blanc, clarté-obscurité, il
est peu d'antagonismes qui fondent aussi bien l'histoire de notre
humanité.
A leur façon et comme en écho, les deux auteurs de Contre-nuits disent
la même chose : nous sommes faits de nuit, de la peur et du repos, de
la magie qu'elle suppose et seule cette obscurité peut révéler la part de
lumière qui est en nous.