Read more
«Aller droit à l'auteur sous le masque du livre» : tel est le mot d'ordre
de la critique beuvienne dans la première moitié du XIXe siècle, tandis
que l'enseignement et l'édition commencent à imposer le syntagme
«l'homme et l'oeuvre». Mais qu'en est-il avant ? et après ?
Conçu comme une contribution à l'histoire de la critique, cet ouvrage
s'attache à suivre les diverses phases de l'interprétation biographique
des oeuvres littéraires : résistances d'abord à l'âge classique et au début
des Lumières, puis montée en puissance par phases successives de la
curiosité biographique tout au long du XVIIIe siècle. La critique biographique
que fonde Sainte-Beuve s'inscrit, en le modifiant déjà, dans
le paradigme biographique que le préromantisme a dessiné et qui
s'impose à l'âge romantique. Sous le signe du paradoxe, la période
suivante prône le culte de l'«impersonnalité» tout en consacrant le
triomphe de la biographie dans l'édition et dans l'enseignement, à
l'image des «écrivains critiques» ambigus quant au biographique : les
Goncourt, Barbey d'Aurevilly, Zola. Entre Proust et Barthes, le livre
s'achève sur une vision synoptique du XXe siècle : Contre Sainte-Beuve
de Proust, succession de diverses «morts de l'auteur» (Valéry, Blanchot,
Barthes), puis, à partir des années 1970, retour de l'auteur par
la petite porte des biographèmes, annonciateur de la mode des biofictions...