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Le théâtre de Banville est un théâtre que, du vivant de l'auteur, on lut
encore plus souvent qu'on ne le joua. Mallarmé et Rimbaud achètent Florise,
qui ne sera représentée que bien des années plus tard, peu de temps
après sa parution en 1870 (Mallarmé annotera son exemplaire), et les critiques
qui rendent compte des représentations de toutes les pièces ont souvent
le texte en main pour pouvoir en citer des passages qu'ils jugent remarquables.
La variété de ces pièces frappe : dans certaines Banville renoue
avec la tradition de la commedia dell'arte, dans d'autres il reprend des
thèmes mythologiques, dans d'autres encore il met en scène la figure du
poète. Parmi ces dernières, l'oeuvre en prose, Gringoire, connaît un succès
retentissant, tant en France qu'à l'étranger.
Il n'existe aucune édition du Théâtre complet de Banville. Deux de ses
pièces en vers, Hymnis et Ésope, ne figurent, pas plus que Gringoire, dans
les volumes différents intitulés Comédies parus, l'un chez Lemerre, l'autre
chez Charpentier. Qui plus est, ces recueils ne reproduisent pas les para-textes
(avant-propos et dédicaces) qui accompagnaient souvent les textes
dès leur première publication en plaquette. Nous joignons aux oeuvres théâtrales,
que la publication sous le nom de l'auteur a fait connaître, des pièces
inédites que montèrent de petits théâtres parisiens et une comédie publiée
dans un recueil intitulé Le Théâtre inédit du XIXe siècle. En outre nous
avons réuni une documentation importante sur la représentation des
pièces, dont neuf seront inscrites au répertoire de la Comédie-Française, et
nous reproduisons les comptes rendus auxquels elles donnèrent lieu. Cela
constitue un échantillon intéressant de la critique dramatique dans la
deuxième moitié du XIXe siècle et le premier quart du XXe siècle. Dans le dossier
de chaque pièce on trouvera des détails sur la genèse de l'oeuvre, un
relevé des variantes, et des notes qui éclairent les allusions littéraires, historiques
ou mythologiques. Est reproduite en entier, le cas échéant, la version
primitive d'une pièce que le poète avait tout à fait refondue.
Banville joue un rôle capital dans la renaissance du théâtre poétique
après 1850, renaissance qui aboutira au succès populaire du théâtre d'Edmond
Rostand, l'auteur de Cyrano de Bergerac ; il prêtera également son
concours au Théâtre-Libre d'Antoine. Des contemporains estiment que le
monologue de L'Après-midi d'un faune doit beaucoup à Diane au bois : et
pour Mallarmé qui traite Le Forgeron, oeuvre lue en 1887, de «radieux
écrit», le théâtre de Banville est «prestigieux».