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Dans ce second volume des Français peints par eux-mêmes, Léon Curmer fait alterner l'ombre et la lumière. A l'insolente clarté dans laquelle se déploie la devise des parvenus et des nantis «enrichissons-nous», sous laquelle se rangent l'Agent d'affaires de Gaëtan Delmas ou le Rentier satisfait d'Honoré de Balzac, s'opposent les ténèbres où s'abîment les victimes d'une société aussi avide qu'impitoyable.
Voici le cortège des malheureux dont le Canard assourdit la rue avec la criée de leurs crimes, voici la procession des misérables guettés par l'homme rouge de leur fatalité présenté par Félix Pyat, le Bourreau. Ils sont tous les enfants perdus de l'Homme du peuple sur lequel s'est penché Léon Gozlan; ils sont tous les navrantes illustrations de ces classes laborieuses et dangereuses qu'une froide taxinomie distribue entre Pauvres et Détenus, affligeantes et sinistres figures magistralement campées par un mémorialiste de la misère injustement oublié, Moreau-Christophe.
Comme l'a souhaité l'éditeur, le saisissant et terrible contraste de ces existences est puissamment rendu dans l'album constitué par la suite des illustrations, images inoubliables et fortes animant soixante textes qui racontent ce que fut, misères et splendeurs, la France de la monarchie de Juillet.