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Au sein des religions, les relations entre éternité et modernité
sont consensuelles et conflictuelles. Consensuelles, parce que
le «retour du religieux» est une réponse à l'éphémère,
un besoin d'ancrage dans l'absolu, fortifiant les valeurs qui
demeurent dans un monde qui passe. Conflictuelles, parce que
le brassage des croyances dans la mondialisation des échanges
bouleverse la géographie de la foi et la stratégie des Églises :
on peut vénérer le Bouddha au pied du Cervin, en Suisse,
et adorer Jésus-Christ chez les «coupeurs de tête» de Bornéo.
Si le Nigeria devient le deuxième pays protestant au monde
et s'il y a plus de jésuites en Inde qu'en Europe, le paysage
religieux du monde est bouleversé.
Mais le message religieux est inchangé. Les fonctions du dogme
demeurent constantes : perpétuer la vie, conserver la mémoire,
sanctifier les alliances. Les religions gardent les traditions et
bénissent les unions pour que les projets familiaux ou nationaux
engendrent un avenir respectueux du passé. Et si les églises
sont à moitié vides en France, elles sont pleines au Vietnam
et au Bénin. Dieu a changé d'adresse mais la foi habite
les hommes.