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Deux hommes blancs chassent au fond du bush sud-africain, à la lisière du Kalahari ; un père et son fils. Henri est un vieil homme, c'est peut-être sa dernière traque. S'il a souhaité entraîner Raphaël dans cette aventure, c'est bien sûr parce qu'il sent que l'heure est venue pour lui de passer la main ; mais surtout pour mettre son fils sur la piste du seul gibier qui, à ses yeux, vaille la peine qu'on le poursuive au long d'une vie : la mémoire.
Henri se souvient... et raconte sa vie qui se confond avec celle d'une terre qu'il considère désormais comme la sienne : l'Indochine d'avant la haine. Car il ne se sent plus français - si jamais il l'a été -, mais du pays des rizières et de la pluie tiède, où la nature et les hommes vivaient encore, hier, dans l'ancienne harmonie. La vie en question fut pourtant méchamment secouée : la pauvreté à Hanoï dans les années vingt, l'invasion japonaise et son cortège d'horreurs, le temps des rancœurs, le départ forcé... Qu'importe, puisque là-bas gît l'or du souvenir.
Bientôt la nuit africaine recouvrira tout, un homme prendra la suite d'un autre sur le long chemin. Au loin résonnent les échos d'une existence enfuie, une voix qui, à travers la joie et les larmes, nous rappelle que nous sommes tous promis à l'exil, que le pays du songe est bien le seul qu'il nous soit donné d'habiter vraiment.
Bernard Jouin, qui est né à Dalat (aujourd'hui Vietnam) et qui vit à La Réunion, signe là un premier roman placé sous le signe d'une sauvagerie non feinte ; un roman qui nous donne à partager un peu du vaste mystère du monde.