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«Le meilleur roman historique depuis Ivanhoé» : tel fut l'accueil de la critique à la sortie de ce livre (1890) que Conan Doyle considérait - avec Sir Nigel, qui lui fait suite à sa façon - comme son œuvre la mieux inspirée, regrettant seulement que le succès de la série des «Sherlock Holmes» lui ait porté quelque ombrage. Quel régal, au surplus, pour des lecteurs français, que d'entendre la guerre de Cent ans racontée par un Anglais ! Et par un Anglais dûment frotté de Chaucer et de Shakespeare. A suivre Sir Nigel et les trois cents archers de la légendaire Compagnie à travers Rouergue, Quercy, Guyenne et Gascogne - alors terres anglaises -, c'est un autre Moyen Age que nous découvrons : traité à l'anglo-saxonne, c'est-à-dire avec ce mélange d'érudition, de passion chevaleresque et de liberté aventureuse que nos voisins d'Outre-Manche, à la suite de Walter Scott et de Stevenson, ont su miraculeusement préserver.
La guerre est là, bien sûr, mais aussi la passion amoureuse, les joutes entre chevaliers - sur la lice de Bordeaux -, les repues franches... Des personnages historiques croisent la route de nos héros endiablés. Ils ont nom Edouard III Plantagenêt, le Prince Noir, Pedro le Cruel, Bertrand Du Guesclin ou Tiphaine Raguenel. On assiste à la révolte de Jacques Bonhomme en Auvergne, à un combat naval dans la Manche, à des batailles rangées, à des duels, des concours de tir à l'arc... Le tout emporté par une verve et des dialogues ferraillants qui confèrent à cette fresque un relief, une verdeur, une «vie» hautement jubilatoires.