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Le livre de Roxana Verona retrace un échange culturel et s'attache
à une zone de rencontre parcourue en deux sens : de
Bucarest à Paris, par les Roumains francophiles qui s'emparent
de cet espace en l'intériorisant ; et de Paris à Bucarest, trajet
qu'effectuent les Français de passage à Bucarest ou les Roumains
de Paris, qui restent en communication avec Bucarest.
Il s'agit d'un discours de l'entre-deux, suscité par de multiples
médiateurs culturels qui ont créé un véritable corridor francophone
entre les deux pays. Le site de ces Parcours francophones
se confond avec un espace construit, habité et représenté par un
groupe de la haute société roumaine des années 1900, rassemblé
autour d'Anna de Noailles, dont il accompagne la «navette culturelle»,
réelle ou symbolique, entre la Seine et le Danube.
Ce que possèdent en commun le tableau d'une Roumanie folklorique
dépeinte par l'élite roumaine à Paris, les jeux esthétiques
et excentriques des aristocrates roumains représentés par Proust,
le Rhapsode d'Hélène Vacaresco à l'Opéra de Paris, et l'Orient
imaginaire d'Anna de Noailles, c'est une même volonté de se faire
voir sur la scène parisienne, d'exposer - un pays, un savoir, une
écriture - et de s'exposer, de la part d'étrangers qui doivent faire
leurs preuves et se mettre en valeur. L'oeuvre francophile des premières
générations des Roumains de Paris se prolonge dans
l'oeuvre littéraire francophone de leurs successeurs, confirmant
ainsi que la francophonie peut apparaître d'abord comme une
francophilie.