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Tu te réveilles dans la lumière électrique qui entre par la fenêtre avec le bruit de la circulation. Où étais-tu ? Je ne saurai pas. Sous tes mains mates ma peau d'oie blanche, mon ventre dans tes paumes, tu estimes mes reliefs et mes contours, la géographie de mon épiderme. Tu te fabriques des souvenirs, peut-être, je ne peux pas le savoir. Au coeur de ton corps ce barrage qui ralentit l'épanchement des eaux, canalise les débords et ruissellements, l'économie de mots la réserve de paroles
tu ne dis rien. Et moi, en équilibre de trappe en trappe, sur chacune prête à basculer tu me donnes beaucoup l'envie de t'aimer.
À chaque carte du tendre son paysage, ses toponymes miraculeux incarnés en roches et en flux, en massifs et rivières où se déploient une végétation robuste et le coeur indigène. L'éveil du désir s'y écrit comme une éruption, un lent réchauffement aux accélérations brusques, aux détours inattendus : puy de Sancy, Uruguay, lacs bordés de gentianes où l'on vient se baigner. Surgit un nom, Marcello, et c'est le monde qui se donne tout entier, sujet aux variations les plus brutales.
Une femme se met en marche et la phrase épouse les contours ainsi dessinés, brûlant d'une ardeur qui transforme les corps en espaces telluriques. Elle décrit avec acuité ce qui fait écart entre deux personnes et s'aiguise à l'exigence impérieuse de la jouissance.
