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La fenêtre
« Elle a toujours été obsédée par l'espace. Tels qu'elle les conçoit, l'espace et le pouvoir sont étroitement liés. L'espace dont dispose chaque personne correspond au pouvoir qu'elle possède. « Il n'y a pas eu un seul confinement » pense-t-elle. Il y a eu de nombreux confinements. Selon les mètres carrés de chaque logement. Selon le nombre d'habitants par mètre carré. Selon les piscines. Les terrains de tennis. Les jardins. Les balcons. Les fenêtres. Et les vues : des forêts luxuriantes et d'immenses prairies. Le soleil se couchant derrière l'immensité des montagnes. La mer. La ville à ses pieds. Un seul arbre. L'immeuble d'en face. Des cours intérieures. Des murs. Un muret.
« S'accrocher. À la beauté. Pour ne pas périr, Bile se le répète encore et encore. S'accrocher. Beauté. Ne pas périr. Se cramponner aux oiseaux, aux fleurs, à la terre humide, au ciel, à la pluie. Se saisir du regard d'un chien ou du sourire d'un enfant. Se raccrocher à un livre, à une image ou une chanson.
Et la rêverie ? Où est-elle partie ?
Une jeune femme, illustratrice, observe le monde depuis la fenêtre de son appartement, dans un immeuble d'un quartier populaire. Enfermée chez elle, comme le reste du monde, elle subit de plein fouet la violence de l'isolement. Mais le chez-soi des uns et des unes n'est pas le chez-soi des autres, et le confinement marque les inégalités.
À travers le regard et la sensibilité de la narratrice, Isabel Alba nous invite à réfléchir au pouvoir que confère l'espace.
Avec un sens du récit qui lui est propre, et une langue tout en économie, Isabel Alba livre un roman au style percutant qui rend avec force, page après page, les émotions qui submergent la narratrice.
