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Lorsqu'ils paraissent aux USA en 1960, les Principes de psychothérapie intensive ouvrent une nouvelle page de l'histoire psychanalytique parce qu'ils sont l'aboutissement de la confrontation algue entre la psychanalyse freudienne classique, telle que son fondateur en a jeté les bases, et les mouvements de psychiatrie institutionnelle, en particulier ceux qui naissent entre les deux guerres aux Etats-Unis. Ils consacrent la rencontre entre la psycharalyse et la maladie mentale dans ses aspects les plus invalidants et, pour le dire brutalement, reflètent le moment où les psychanalystes vont chercher leurs malades dans les asiles.
Frieda Fromm-Reichmann reprend avec insistance la théorie interpersonnelle des troubles mentaux élaborée par le pionnier de cette aventure, Harry Stack Sullivan. La notion d'interpersonnalité est en effet épistémologiquement fondamentale car elle fait de la psychanalyse autre chose qu'une psychologie limitée à l'individu étudié per se. Des années avant les travaux de Lacan sur l'inconscient comme discours de l'Autre, elle achève de briser la vieille dichotomie individu/groupe ou psychologie/ sociologie pour s'ouvrir à la dimension à la fois culturelle et sociale de la maladie mentale. En effet, la dimension interpersonnelle des troubles psychiques déploie le symptôme dans un espace qui est avant tout un espace relationnel, communautaire et communicationnel ; l'homme en son humanité se constituant par et à travers l'autre. La notion de transfert (aussi bien du côté du patient que du côté du thérapeute) devient ainsi l'axe central du travail thérapeutique et, par voie de conséquence, celui de la psychothérapie intensive.
L'influence de ce livre et du travail de Frieda Fromm-Reichmann fut considérable non seulement aux Etats-Unis où il entraîna bon nombre de travaux sur le traitement psychothérapique des malades psychotiques et «borderline» mais aussi en France, où ses idées furent propagées, en particulier à travers l'œuvre de P.C. Racamier.
