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Les indiennes suscitent un engouement sans précédent en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles.
Neuchâtel se place rapidement parmi les principales régions productrices d'indiennes sur le continent. À la fin du XVIIIe siècle, une quinzaine de manufactures installées dans la région occupe jusqu'à 2 000 personnes, hommes, femmes et enfants. Près de 2 millions de mètres de toiles destinées avant tout à l'exportation en Europe y sont fabriqués annuellement.
Producteurs et négociants développent des stratégies très diverses pour conquérir les marchés internationaux. Ils mettent en place des réseaux commerciaux en Europe mais également en Asie, en Afrique et aux Amériques au travers desquels ils se fournissent en toiles blanches et en produits tinctoriaux. Pour l'écoulement des toiles imprimées, ils participent régulièrement aux principales foires européennes et bénéficient d'un réseau d'intermédiaires qui leur permet d'adapter sans cesse le langage ornemental des indiennes « made in Neuchâtel » aux tendances en vogue dans les arts décoratifs et d'être ainsi au goût du jour.
Cet ouvrage collectif, qui réunit des contributions de spécialistes suisses et internationaux, développe une approche située à la croisée des arts décoratifs, de l'histoire économique et culturelle. Il nous permet également de saisir les liens que le pays de Neuchâtel a entretenus avec de grands centres d'indiennage européens comme Mulhouse, Genève et Nantes, premier port négrier français au XVIIIe siècle. Le corpus étudié nous montre aussi combien les décors imprimés alors sur les tissus de coton sont toujours une source d'inspiration pour les dessinateurs et les stylistes contemporains qui les interprètent et les déclinent en une multitude de tons.
