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Les PME, ne cesse-t-on de répéter, constituent le coeur du système économique et productif français et surtout son avenir. Contre-modèle face aux mastodontes taylorisés et bureaucratiques que sont devenues au cours du siècle les grandes entreprises, ces milliers de cellules économiques sont, elles aussi, engagées dans la spirale de la guerre économique. D'ailleurs, qu'elles le décident ou non, les petites et moyennes entreprises sont condamnées à innover, s'adapter, se modeler aux caprices de la donne économique, bref à se moderniser. Mais que recouvre au juste la modernisation des PME ? Dans quelles conditions s'opère-t-elle, quel sens donner à un mouvement dont l'ampleur va grandissant ? Combinant approche socio-historique et analyse des dynamiques organisationnelles, remontant la piste singulière du conseil aux entreprises, l'auteur cherche à lever le voile sur les ressorts de la modernisation économique et les mécanismes complexes qui président aux mutations du système productif contemporain. Trois grandes lignes de lecture sont avancées. S'il importe de prendre en compte toutes les caractéristiques du tissu socio-économique qui environne les PME, celles-ci n'en demeurent pas moins fondamentalement dominées - selon des modalités et des normes de plus en plus contraignantes - par les grandes entreprises : le mouvement de taylorisation est de fait loin d'être achevé. Terrain de prédilection du " patronat réel ", les PME doivent être examinées à la lumière des recompositions et des mouvements d'initiative patronale. Enfin, la modernisation des entreprises n'est plus concevable en dehors de l'intervention croissante de la puissance publique. Au fil de l'analyse, émergent ainsi trois figures intimement liées - l'expert, le patron et le politique -, lesquelles donnent à lire les interactions étroites entre l'économique, le politique et le savoir. La réflexion débouche sur une interrogation paradoxale : dans une période où l'Etat se désengage sinon démissionne de certains " terrains " traditionnels de l'intervention publique, n'assisterions-nous pas à une progressive absorption des PME par la sphère publique ?...
