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«Elle s'était levée au moment où l'ambulance Ford
manoeuvrait pour se garer sur la place, le faisceau des
phares balayant la façade de grès. Elle était montée sur
un banc pour apercevoir le médecin et le photographe
qui se dirigeaient vers l'arrière du véhicule, leurs pas
imprimés dans le tapis blanc qui déjà recouvrait le
gravier. Une jeune femme en était sortie la première,
le visage encadré par une épaisse chevelure noire, enveloppée
dans une ample cape, puis un homme vêtu
d'un pardessus croisé, les traits obscurcis par l'ombre
portée de son chapeau, était apparu. Il s'était légèrement
incliné pour allumer une cigarette, et la flamme
vacillante avait éclairé un regard curieux, presque inquiet,
celui que l'on promène sur ces endroits inconnus
où l'on arrive sans les avoir choisis.»
1943 : asile de fous de Saint-Alban, en Lozère. Une
jeune résistante, Denise Glaser, vient s'y cacher.
Au même moment, Paul Éluard et sa compagne
s'y réfugient. Didier Daeninckx nous entraîne à
leurs côtés, dans une plongée vertigineuse aux
confins de la «normalité», là où surgit l'art brut et
où la parole des «fous» garantit celle des poètes.