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Une nouvelle culture issue de la thérapie sortie de ses murs s'est
imposée dans toutes les sphères de la société et jusque dans la tête de
l'Occidental moyen. J'appelle cette culture «psyrose», dont j'espère
avoir mis en évidence certaines illusions bien établies, et j'appelle
«névrose psy» les effets pervers qu'elle exerce sur les mentalités.
C'est avant tout dans l'éducation, où j'observe que les limites entre
le thérapeutique et l'éducatif ne sont pas toujours très claires, que je
constate les ravages causés par cette névrose. Le drame de l'éducation
aujourd'hui, c'est qu'il n'y a plus de parents ni d'éducateurs, il n'y a plus
que des psychologues. On préfère un enfant perturbé à un enfant qui
transgresse, poser un diagnostic plutôt qu'imposer un cadre.
Mais c'est dans l'ensemble de nos conduites et jusque dans la sexualité
que la psyrose exerce ses influences pathogènes. Pour ne pas se
voir traiter de «pervers narcissique» ou de «manipulateur», chacun
devrait faire preuve avec l'autre (et aussi avec lui-même) de la même
bienveillance que le complaisant thérapeute est supposé avoir avec
son patient.
Croyant avoir éliminé la religion, la psyrose en est en fait une autre,
qui aujourd'hui entretient dans l'inconscient collectif ses propres
dogmes, ses propres mythes, ses propres interdits et donc ses propres
abus, avec tout ce qui a les allures de ce que Jung nomme une épidémie
psychique.