En savoir plus
«Le bonheur et le salut» était essentiellement le roman d'Octave Coltenceau, sacrifiant Dieu, femme et enfants à une jeune maîtresse qui, elle-même, sacrifie tout pour lui, torturé par le devoir jusque dans la passion. Le drame consommé, j'en avais terminé. Au lecteur d'épiloguer.
On ne s'en est pas fait faute : Octave retournerait ou ne retournerait pas chez les siens ; il profiterait avec soulagement du pardon de sa femme ou il n'oserait pas affronter cette vertu glacée ; la catastrophe lui aura ouvert le cœur ou le remords l'aura fermé à toute paix ; ce serait «trop facile» ou impossible, etc. Curiosité, intuition, animosité ou sympathie des uns et des autres pressèrent le romancier de prendre parti dans l'après-drame.
Propos imprévisible. Il a cristallisé cependant. Au gré de l'imagination qui ne prenait, en fait de parti, que celui des personnages. Ce n'était plus le roman du seul Octave ; l'épouse Alice, qu'on ne connaissait qu'à travers lui, avait à voir «de l'intérieur» dans la péripétie. Pareillement les enfants. Et de telle façon qu'un lecteur ignorant de l'aventure initiale pût en suivre le prolongement.
Dénouement ? Si par là on entend la solution du problème (puisque problème il y a) moins illustré que posé... après coup par «Le bonheur et le salut» ce n'est pas au romancier à la donner. Il ne sait que rendre à la vie - naturelle et surnaturelle - ce que ses personnages y ont trouvé. Ce sont eux, uniquement, entre eux, qui ont leur mot à dire. Que ces mots répondent donc pour eux !
L. E.
