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La vérité des sciences est le troisième ouvrage du Père Marin Mersenne contre les libertins ennemis du christianisme. Après avoir publié successivement un gros in-folio latin contre les athées, les Quaestiones celeberrimae in Genesim, puis un ouvrage polémique qui révélait les mystérieux Quatrains du déiste, il s'engage dans un troisième débat, cette fois contre les sceptiques et pyrrhoniens. Il y représente une controverse entre un Alchimiste, un Sceptique pyrrhonien et un Philosophe chrétien, sur la question de savoir si l'homme peut ou non connaître la vérité, et édifier une science rationnelle. La vérité des sciences prépare déjà, par la diversité et le caractère encyclopédique des disciplines que Mersenne y aborde, les Questions inouïes, et l'Harmonie universelle. Mersenne y touche à tout: arithmétique, géométrie, musique, morale, théologie, exégèse, spiritualité, politique même, tout lui est bon pour démontrer au Sceptique que l'homme, lorsqu'il use de sa raison sans présomption, est capable d'une science certaine et rigoureuse. Les problèmes qu'il aborde nous surprennent aujourd'hui: l'angle corniculaire est-il un angle véritable? Comment les anges peuvent-ils s'étendre de telle manière qu'ils sont à la fois au ciel et sur la terre? Combien la Vierge Marie a-t-elle accumulé de grâces et de mérites à la fin d'une journée? Mais le débat dépasse de loin la querelle sceptique: dans sa volonté d'associer l'honnête homme à la marche des sciences modernes, Mersenne lui propose un abrégé des mathématiques de son temps, qui nous permet de reconstituer ce que le lecteur cultivé pouvait connaître des sciences dans la première moitié du XVIIe siècle. Ce livre caractéristique d'une époque où la division des disciplines était moins stricte et étroite qu'aujourd'hui, intéresse donc tout à la fois les historiens de la littérature, des idées et des sciences.
