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«Tu es un enfant allemand, sois fidèle et vrai !» L'exhortation
de sa gouvernante de Prusse orientale s'est gravée en profondeur
dans l'esprit de Rudolf Schottlaender, né à Berlin en 1900 et
mort dans cette même ville en 1988. Mais la vie lui apprit que
celui qui se veut «fidèle et vrai» doit accepter le destin d'un solitaire,
refusant tout compromis. Sans quitter sa ville natale, il
connut cinq états allemands : l'Empire, la République de
Weimar, l'Allemagne nazie, Berlin-Ouest et la RDA. Très indépendant
de caractère, ce littéraire (il fut le premier traducteur
de Proust en allemand), cet intellectuel à la double formation,
philosophe (élève de Jaspers et de Heidegger) et philologue spécialiste
de théâtre grec (éditeur des OEuvres complètes de
Sophocle), fut toujours une sorte de franc-tireur : hostile au réarmement
de la RFA et considéré pour cela, à l'Ouest, comme un
communiste, ses collègues de Dresde, en RDA, virent en lui un
agent de la propagande anglo-américaine... Quoi qu'il en soit,
ce «Juif à part entière» - ainsi désigné sous le IIIe Reich :
Volljude - sut se faire respecter et estimer partout, et termina
brillamment et courageusement sa carrière à la fameuse
Université Humboldt. Ce récit autobiographique retrace avec
précision et honnêteté un parcours à la fois inhabituel et exemplaire,
fragment représentatif de l'histoire mouvementée de
l'Allemagne au cours de ce terrible XXe siècle. Il est accompagné
de textes choisis par sa fille Irene Selle sur des sujets idéologiques
et culturels, qui peaufinent l'image de cet humaniste
d'Outre-Rhin n'ayant jamais renoncé à la Raison, dans les pires
circonstances de sa vie à la fois paisible et tourmentée.