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Y a-t-il une seule et unique morale dont on puisse se prévaloir
aujourd'hui ? Les réflexions philosophiques sur la morale se sont
toujours combattues, remplacées, démenties au fil du temps, tout
en étant chacune valable. Le stoïcisme, la morale de la vertu,
le recours à la loi morale, l'utilitarisme sont autant de courants
qui irriguent encore notre façon de penser. Mais laquelle de ces
«visions» choisir ? Et pourquoi choisir celle-là plutôt qu'une autre ?
Michel Meyer opère ici un retournement de la pensée traditionnelle
sur l'éthique. C'est parce que l'homme est un problème pour
l'homme qu'il y a des réponses qu'on appelle la morale. Michel
Meyer ne part plus des sujets éthiques (Moi, l'Autre) comme référents
moraux, mais de la distance, plus ou moins grande, entre
les individus. C'est la variation de cette distance qui influence nos
choix quant au bien et au mal, à ce que l'on recherche ou à ce
que l'on veut fuir ou éviter, et qui fera qu'on sera tantôt stoïcien,
tantôt utilitariste ou kantien. Le positionnement des sujets les uns
par rapport aux autres conduit à agir de telle ou telle manière,
donc à adopter tel ou tel type de conduite morale et à juger ce
qui est bien ou mal de façon différente. Le problème moral, c'est
l'Autre comme problème, auquel il convient de répondre selon la
distance qui nous sépare, nous divise ou nous rapproche, et auquel
on répond toujours d'ailleurs, parce qu'il constitue une menace, un
appel à l'aide, ou encore la nécessité de coopérer.
Sans chercher à édicter de nouvelles règles ou de nouveaux
préceptes, Michel Meyer replace les grandes théories morales,
comme celles d'Aristote, de Kant, de Mill ou encore de Hume,
dans un espace philosophique virtuel qui est leur espace de validité.
Avec le concept de distance entre les êtres, il nous offre ainsi
une approche nouvelle et synthétique de la morale.