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Alors que les obligations d'information environnementale
imposées aux entreprises prolifèrent, le phénomène
semble placé sous les auspices du désordre et de
l'imperfection. Ces informations peinent à se couler dans
les catégories du système juridique, et il s'avère difficile
d'envisager en parfaire le régime en s'en remettant
aux objectifs qui leur sont assignés. Ces derniers sont
effectivement si divers que le sens de la communication
d'informations environnementales par l'entreprise semble
indéterminé. Cette indétermination est corrélative à
l'ambiguïté foncière du développement durable et de
la responsabilité sociale des entreprises (RSE) qui en
constitue, de l'avis général, la déclinaison à l'échelle de
l'entreprise. Ainsi, plutôt que d'imprimer un sens particulier
à la RSE en imposant aux entreprises des obligations de
faire, les autorités publiques misent sur des obligations de
dire particulièrement flexibles pour conduire les acteurs
à expérimenter de nouvelles manières de conjuguer
préoccupations environnementales et économiques.
Derrière la prolifération désordonnée de l'information
environnementale communiquée par l'entreprise, se
dessine ainsi l'expérimentation, encore tâtonnante
mais perfectible, d'une régulation informationnelle de
l'environnement. Cette régulation s'analyse comme le
produit de la convergence entre ces deux lames de fond
que constituent l'essor de l'information d'une part, et de
l'environnement de l'autre, dans nos représentations
de la société, du droit et de l'entreprise. Dans le sillage
de cette rencontre, une nouvelle image de l'entreprise
s'esquisse qui appelle à repenser sa gouvernance et
ses responsabilités. Dans le même temps, s'impose une
relecture des concepts fondateurs et des objectifs du droit
de l'environnement.