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Eikôn est l'image qui ne s'expose pas mais se dit, chez Platon,
de la réalité que recouvre l'aspect. Le rôle de cette image est
de rendre l'être visible dans le reflet de l'apparaissant. Eikôn
se dit donc de tout ce que le regard distingue comme réel ou
vrai dans la saisie du visible. Il va de soi que cette image ne
se montre pas pour elle-même ; elle ne montre que ce qu'elle
signifie.
Pour les auteurs cappadociens de la fin du IVe siècle, eikôn
désigne la possibilité d'une image de Dieu, de l'homme, de
toute chose créée. Non trait pour trait, comme un dessin, ni
présence de substitut, mais identité différée du réel ou du
vrai qui rend vive la relation entre l'objet du regard et le sujet
qui découvre l'image en lui-même en considérant tout ce qui
lui est donné à voir.
Dieu parle visiblement, selon Basile de Césarée. Dès lors,
le visible est le lieu de la réciprocité entre présence et signification
de l'être, à condition de saisir cette révélation dans
l'immanence des actes propres du langage, en préservant
ainsi l'absolu de la transcendance. Tout en citant Basile, les
Byzantins aboliront la condition linguistique signifiée par
eikôn et appelleront «icône» l'image qui expose le divin
sous les traits de l'homme. Depuis, l'audace d'un tel dévoilement
n'a de cesse d'attiser la réflexion.