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Le régime de Vichy est parmi tous les gouvernements
français celui qui a le plus utilisé la photographie
comme vecteur de propagande. Les portraits de Pétain,
les reportages sur ses voyages entretiennent le culte du
Maréchal. Paradoxalement aucune étude d'envergure n'avait
été entreprise sur les conditions de réalisation des images et
d'exploitation du médium. Françoise Denoyelle détermine
dans quels cadres politique, législatif, économique et
commercial la photographie d'actualités et de propagande
s'est développée et a évolué de septembre 1939 à la Libération
de Paris. Elle analyse le fonctionnement des mécanismes
décisionnels, les moyens techniques mis en oeuvre et les
obstacles rencontrés par les officines de propagande et par le
Service central photographique de Vichy dirigé par Georges
Reynal, ardent serviteur de Pétain et résistant opposé à
l'occupation des Allemands.
De nouvelles structures gouvernementales et privées diffusent
la propagande, mais les agences anciennes comme France
Presse Voir, Fulgur, Lapi, SAFRA et Trampus ou nouvellement
créées comme ABC, DNP, Fama, Nora et Silvestre fournissent
l'essentiel des photographies de presse et de propagande. Seule
l'agence Keystone participe à la Résistance. Les autres
prospèrent sans état d'âme, plus soucieuses de rentabilité que
d'idéologie. Alors que l'élite de l'École de Paris a émigré ou se
cache, aucun photographe d'envergure n'émerge. Les chantres
du régime sont souvent des photographes besogneux. Le plus
brillant, André Zucca, devient le correspondant du magazine
nazi Signal.
Françoise Denoyelle montre comment la profession,
constituée de boutiquiers, d'artisans et de studios, par le biais
de ses instances dirigeantes, participe à la spoliation des
photographes juifs, soit 10 % des professionnels parisiens, et
s'accorde, à la Libération, un certificat de bonne conduite.