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Le crime d'Onan désigne, en référence à un épisode connu de
la Genèse, la façon «naturelle» de limiter les naissances. Vieille
manière, mais réalité démographique nouvelle, puisque, à partir de
la fin du XVIIIe siècle, la France entre la première en Europe dans
l'ère de la maîtrise de la fécondité.
De ce fait, c'est dans le laboratoire français que s'élabore entre
1820 et 1850 le discours catholique sur la limitation des naissances ;
c'est à l'évêque du Mans, Mgr Bouvier, que l'on doit les propositions
neuves qui fixeront les termes des débats ultérieurs. Dès
1842, celui-ci s'interroge sur le bien-fondé de dépénaliser le
«crime d'Onan», conscient que les couples catholiques se comportent
en agents moraux, désireux de fixer par eux-mêmes la
taille de leur famille tout en gardant l'usage de leur sexualité. Le
rejet de cette solution radicale constitue le point de départ de
solutions successives aboutissant, après diverses péripéties, aux
prises de position de Pie XI (Casti connubii, 1930) et de Paul VI
(Humance vitoe, 1968).
Le but de cet ouvrage est de montrer comment opère la raison
théologique en acte, en tentant un continuel et difficile ajustement
entre traditions et innovations, entre déculpabilisation des
conjoints et rigorisme accentué, entre autonomie émergente du
sujet et contraintes renouvelées de la loi naturelle.
Les disciplines relevant de
l'Histoire des Idées ont connu,
ces dernières années, un développement
considérable - mais
aussi, par contre coup, un grand
éparpillement : d'où la nécessité,
largement reconnue, de
faire communiquer les spécialistes,
et plus encore, peut-être,
d'inciter les publics spécialisés
à franchir les limites des disciplines
ou des champs d'étude.
C'est à cela que voudrait contribuer
la collection «L'âne d'or»,
en rassemblant des ouvrages
issus de disciplines diverses
(Histoire de la Philosophie, Épistémologie,
Histoire des Sciences,
Philosophie, Histoire des Religions,
etc.) sans limitation chronologique
- mais toujours sans
concession sur la qualité.
Et l'âne maintenant, pourquoi
ce patronage ? Pourquoi cet âne
en chaire magistrale, avec dans
une patte une férule et sous
l'autre un pesant in-folio ? Il
est là tout simplement à titre
d'avertissement : sans doute
voulons-nous des ouvrages sans
concession, mais non point des
ouvrages écrits par des cuistres
ou des pédants.