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"Un groupe d'anciens esclaves, des hommes
du Nord aux cheveux rouges, ont choisi
comme uniforme la tenue des gladiateurs. Ils
ont mêlé les boucliers samnites aux casques
gaulois et aux épées thraces. Ils ressemblent
à une troupe de carnaval. Mais leurs yeux
clairs ont des lueurs terribles.
Les enfants se sont organisés en véritable armée. Derrière leurs pères et leurs mères,
ils marchent en foule et portent des arcs et des flèches, des épées, des boucliers et des
poignards.
Ainsi du lever du soleil jusqu'à une heure avancée de la nuit, défile devant Spartacus
cette armée qui veut mettre fin à la puissance de Rome. Ces hommes, ces femmes et
ces enfants s'en vont dans le bruit et la poussière, derrière leur chef, le Gaulois Crixus.
Ils sont trente ou quarante mille, avec des corbeaux sur l'épaule, des chiens en laisse,
des renards ou des vipères dans des cages. Ils ont envie de tuer et la mort ne leur fait
pas peur. Ils abandonnent le Vésuve et la ville qu'ils avaient bâtie. Mais ils ne fuient pas
vers une quelconque patrie perdue. Leurs pays est maintenant cette foule en marche
qui veut changer le cours du monde. Loqueteux, ignorants et cruels, sauvages et
violents, ils ne sont plus que révolte et liberté. Qui pourrait les arrêter ?"
La révolte des esclaves, dont Spartacus prendra la tête, offre à Jean Guiloineau l'occasion
d'aborder les grands thèmes universels qui traversent la plupart des oeuvres qu'il a traduites :
quête de la liberté, lutte contre toute forme d'oppression et d'esclavage, révolte individuelle et
collective pour retrouver une dignité confisquée. Mais le Spartacus de Jean Guiloineau, c'est
aussi l'épopée quotidienne de cette immense masse d'esclaves qui erre pendant deux ans dans
toute la péninsule italienne en réussissant à vaincre les armées consulaires que Rome envoie
pour l'anéantir.
L'auteur a mis fidèlement ses pas dans ceux de cette armée d'esclaves, rétablissant l'exactitude
historique de leur lutte, de leur marche à travers l'Italie, dans une langue superbe, poétique et
lyrique.