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Thomas Münzer était un prédicateur révolutionnaire du
début du XVIe siècle. Maître en théologie d'abord rallié à
Luther, il prit la tête du soulèvement armé qui, en 1525,
traversa l'Allemagne des rives du lac de Constance jusqu'à
la Thuringe et la Franconie en passant par le Tyrol, la Forêt-Noire
et l'Alsace, contre les seigneurs féodaux et le clergé,
ramassis diabolique «d'anguilles» et de «serpents»,
selon son Sermon aux princes de 1524. Ce soulèvement
regroupa des ouvriers des mines, des paysans, des hommes
«du commun» dans une guerre qui devait passer à la
postérité sous l'appellation de Guerre des Paysans. Peu
après l'extermination des insurgés à la bataille de Bad
Frankenhausen en mai 1525, Thomas Münzer fut arrêté,
torturé et décapité. Une première fois.
Car par la suite, entre occultations, oublis et résurgences,
Münzer devient l'un de ces noms à travers lesquels se
déploient nombre des aspirations, des craintes, des
affrontements dans lesquels s'articule la politique
moderne. Pour la pensée libérale du XXe siècle, c'est un
terroriste, un fanatique, un précurseur du totalitarisme.
Ernst Bloch prend toute cette tradition à contre-pied : en
prônant avec intransigeance une lecture littérale de la
Bible, Münzer revendiquait l'égalité concrète de tous avec
tous. C'est une figure éternelle de l'utopie, une allégorie
de l'émancipation populaire.