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Perçu aujourd'hui comme hier négativement de ce côté-ci du Rhin,
respecté - à défaut d'être aimé - de l'autre côté, Bismarck offre de
sa personne et de son action politique une image contrastée qui
autorise les jugements les plus divers. Homme de guerre, issu d'une
vieille famille terrienne ayant toujours servi la Prusse et son roi,
Otto von Bismarck est par nature et par tradition conservateur et
monarchiste. Il tentera ainsi d'étouffer la social-démocratie par
des lois d'exception, législation dont on a pu dire qu'elle fut «la
Terreur, moins la guillotine». Mais après la victoire sur l'Autriche,
il n'hésite pas à rompre avec ses vieux amis conservateurs pour
introduire le suffrage universel... De même, il fait adopter en
faveur des ouvriers une série de lois sociales très avancées pour
l'époque, dont certaines sont toujours en vigueur aujourd'hui. Il a
compris, avant d'autres, l'importance de l'économie et de l'industrie
dans le monde moderne, réalisant que le prolétariat urbain méritait
d'attirer l'attention du pouvoir.
Existe-t-il un facteur commun à tant de contradictions
apparentes ? Bismarck, «réactionnaire rouge» ou «révolutionnaire
blanc» ?... Ou bien plutôt funambule oscillant avec adresse entre
la Prusse du passé et l'Allemagne de l'avenir ?